« Elle ne s'endort pas seule ? »
« Dur pour toi, non, de rester pour l'endormir à chaque fois… »
« Tu n’as pas peur qu'elle soit trop dépendante ? »
J'entends régulièrement toutes ces questions, et bien d'autres du au fait que ma fille de 2 ans et demi ne s'endort pas seule. Elle a encore besoin de la présence d'un adulte jusqu'à l'endormissement.
Je connais beaucoup de mamans qui cherchent des solutions pour résoudre ce genre de problème, et qui vont jusqu'à payer pour les conseils d'une Conseillère en sommeil. Elles promettent de régler des problèmes tels que « Bébé a besoin d'être bercé ou dans les bras pour s'endormir », et bien d’autres encore.
Ce n'est pas mon cas. Je ne vois pas ça comme un problème, et je ne cherche pas des solutions. C’est peut-être ma culture du sud, qui sait…
« Dormir seul, un phénomène de l’époque moderne. L’attente selon laquelle un bébé est censé s’en sortir seul la nuit dès sa première année de vie est propre aux nations occidentales. Dans d’autres cultures, l’avis général est qu’il faut attendre trois à six ans avant que l’enfant puisse dormir seul. Et ces cultures ne connaissent quasiment pas de troubles du sommeil de l’enfant. Or les enfants de ces cultures ne dorment pas autrement que ceux d’ici. Tout simplement, les attentes de ces sociétés en matière de sommeil des enfants sont plus conformes au comportement naturel de ceux-ci. » Article paru dans Hebammenforum 8/2015 Des nuits apaisées pour bébé dès le début Sibylle Lüpold
Le pack- Maternité
Quand j’ai signé pour être maman, je savais que le « pack maternité » ne contenait pas que du bon, du simple, et du facile. Ce pack a son lot de travail, d'angoisses, des doutes et des galères. Surtout beaucoup de travail. Materner, c’est nourrir, soigner, bercer, éduquer, etc...
Et pour tous ces gestes du quotidien, l’enfant en bas âge a besoin de l'adulte.
Ma fille a besoin que je lui prépare ces repas, mais aussi que je l'accompagne pendant qu'elle mange, et que je l'aide à se nettoyer après. Cela prend environ 30 minutes par repas.
Elle a aussi besoin que je l'aide à se baigner… elle est trop petite pour que je la laisse seule dans la baignoire. Si je le faisais, je serais traitée de négligente.
Elle a aussi besoin de moi pour s'habiller, pour ranger sa chambre, pour rentrer en relation avec les autres, pour apprendre la politesse. Elle ne sort pas de la maison seule non plus. En gros, à 2 ans et demi, elle a besoin d'un adulte pour l'aider dans presque tout (à part faire des bêtises, pour ça elle est 100% autonome).
Alors pourquoi elle serait capable de s'endormir seule ?
« Sommeil partagé pour des nuits détendues. Historiquement, le sommeil partagé est la manière normale de passer la nuit. À l’échelle mondiale, il reste l’arrangement le plus souvent pratiqué. Mais pour les parents occidentaux, il peut paraître surprenant de faire dormir leur enfant avec ou à côté d’eux. Étant donné que les bébés ont besoin de contact physique et de proximité pour dormir de manière détendue, le sommeil partagé est généralement une bonne méthode. S’il est pratiqué depuis le début, beaucoup d’enfants seront bientôt en mesure de passer de bonnes nuits en dormant seuls, contrairement aux craintes souvent exprimées. En revanche ceux qui dorment seuls de manière précoce rejoindront fréquemment le lit des parents, parfois jusqu’à l’âge de scolarité, dès qu’ils sauront se déplacer. Le sommeil partagé présente de nombreux avantages pour le développement de l’enfant et le lien d’attachement parents-enfants. Si l’on veut amener un enfant à dormir seul, il est conseillé d’organiser ce passage le plus doucement possible, et d’accepter les rechutes passagères » Sibylle Lüpold
Les méthodes miracle
Quand j'entends des récits d'enfants qui ont pleuré seuls dans leur lit, dans le noir jusqu'à vomir, je suis triste pour ce pauvre petit, mais aussi pour ses parents qui se sont fait embobiner par ce discours malsain de l'enfant autonome et de la culture du bébé posé qui engendre tant de souffrance.
« Tant le jour que la nuit, les bébés et les bambins ont besoin d’une prise en charge aimante et de la proximité de leur(s) personne(s) de référence. Leurs besoins restent les mêmes 24 heures sur 24, et ils n’ont pas encore la notion du temps. Laissé seul, le bébé ou le bambin ressent une grande peur. Dans le cas normal, il est amené à activer un mode d’attachement sain : c’est-à-dire qu’il met tout en œuvre pour atteindre sa personne de référence. Il va donc pleurer pour amener ses parents à le prendre près d’eux, à le consoler et à lui procurer un sentiment de sécurité. Si les parents ne réagissent pas à son besoin de proximité et de protection, il ressent une douleur de séparation et une rupture de confiance qui peut entraver la construction d’un attachement dit « sécure », et porter préjudice à son développement ultérieur. C’est pourquoi il est étonnant que des personnes qui remplissent une fonction de conseil auprès des parents continuent à leur suggérer les méthodes « d’apprentissage du sommeil ». » Sibylle Lüpold
Ce genre de comportement me peine encore plus lorsqu'il est pratiqué par des parents qui se disent bienveillant et pratiquant le maternage proximal. J'ai l'impression que toute la bonne volonté s'arrête, et toutes les bonnes résolutions prennent fin lorsqu'il s'agit du sommeil.
« Tu dormiras seule, mon fils » est le credo en vigueur.
Désolé mais moi j'ai dit non.
Sommeil s’écrit avec 3 « S »
Pour pouvoir bien dormir nous avons tous besoin de ces 3 ingrédients, les enfants encore plus que nous.
Sommeil : cela se passe d’explication. Essayer de coucher un bébé qui n’est pas fatiguée et vous comprendrez.
Sérénité : impossible de s’endormir au bord de l’autoroute, ou dans une boite de nuit. Le calme et la sérénité sont importants pour l’endormissement.
Sécurité : lorsqu’on se sent en danger, il est impossible de dormir. Imaginez que vous craignez que quelqu’un entre par effraction chez vous, ou que vous avez une bestiole dans votre chambre et ça vous fait peur. Se sentir en sécurité est primordiale.
Lorsque je couche ma fille cela prend quelquefois 5 minutes, parfois 45.
Avoue que ce n'est pas rigolo à chaque fois. Tout comme nettoyer par terre après ses repas. Mais de la même façon comme je ne vais pas arrêter de la nourrir, je ne vais pas non plus la laisser pleurer seule dans sa chambre. J'ouvre une parenthèse pour parler de mon choix de lit. Dès le début ma fille a une chambre Montessori, avec un matelas par terre. De ce fait, assez rapidement elle pouvait sortir de son lit seul, (vers 10 mois), et nous rejoindre.
J’en parle dans d'autres articles de mon expérience. Mais ce choix fait qu’en aucun cas je ne pouvais la laisser pleurer, vu qu'elle pouvait simplement sortir et venir vers moi.
Parce qu'en fait c'est de ça qu’il s’agit : les enfants refusent presque tous de dormir seuls (à des rares exceptions), il pleure beaucoup quand on essaie. La technique consiste à les laisser pleurer jusqu'à qu'il s'endorme d'épuisement et qu'à force de répéter cet exercice ils perdent espoir et finissent par se résigner.
« Ces méthodes impliquent de laisser l’enfant seul, la nuit dans le noir, même si de toute évidence cette situation le fait souffrir. Le « laisser-pleurer » largement pratiquer jadis est aujourd’hui récusé par tous les spécialistes comme une méthode très douloureuse et néfaste pour l’enfant. Mais le laisser-pleurer entrecoupé d’intervalles (conditionnement à frustration dosée, ou encore extinction adaptée) est souvent approuvé, bien que ces méthodes soient tout aussi problématiques pour l’enfant. » Sibylle Lüpold
Enfin...
Peut-être que je vais finir par craquer quand elle aura 18 ans et lui dire que j'ai mieux à faire que rester à ses côtés jusqu'à ce qu'elle trouve le sommeil, mais pour l'instant, ça va bien, merci.
Ne vous inquiétez pas pour moi.
Conseil de lecture:
Pour accompagner les enfants qui ont de la peine à s'endormir le soir:
Pour commander:
Merci ,ça me touche beaucoup
Bonsoir Cheyenne Cesar!
Je suis émerveillée, fascinée par vos analyses, éclairages et points de vues que je partage complètement dans plusieurs domaines. 👍🏽 😍🤩