Aujourd'hui, j'aimerais parler de la propreté chez les enfants en commençant par préciser que je n'aime pas du tout le mot « propreté » qui pour moi veut dire que l’enfant est sale du moment qu’il porte des couches.
Je préfère parler de l’acquisition de la continence. L’enfant est incontinent quand il est né et au bout d'un moment, lorsqu’il grandit, il va devenir continent comme tous les animaux du monde, y compris les êtres humains.
Le problème est que la notion de propreté est souvent mal comprise et certains adultes estiment qu'un enfant qui n'a pas de couches est un enfant « propre ». Mais malheureusement, ce n'est pas vrai. Ça me fait toujours sourire quand j'entends des parents qui disent « mon enfant est propre à 1 an et demi ». À ce moment-là, je commence gentiment à poser des questions et à me renseigner, parce que je n’y crois pas du tout. Je demande si l'enfant gère tout seul à penser à aller par lui-même aux toilettes, à s'habiller, à se déshabiller, à s'essuyer et à répartir. Puis, ce que j'entends c'est souvent : « non, non il faut lui rappeler d’y aller. Non, il y a quand même encore des accidents et ne gère pas tout à fait mais on l'accompagne et cetera ». Donc, je me rends compte qu'en fait il ne s'agit pas du tout d'un enfant qui est propre, mais simplement d'un enfant qui n'a pas de couche.
Ce qui veut dire que cet enfant, on va lui rappeler toutes les demi-heure d'aller aux toilettes qu'il ait besoin ou pas, qu'il est envie ou pas, que ça l'arrange ou pas… quelquefois, coup de bol, il va réussir à faire quelque chose dans la cuvette ou sur le pot. Puis, y aura des moments où ça va mal se passer, où il va continuer de faire comme s'il avait la couche - parce que cet enfant n'est pas continent ! - il va faire sur lui et on va dire que c'est un « accident ». Moi, je dis que c’était prévu.
Sans oublier que normalement à 1 an et demi, 2 ans, les enfants ne sont pas encore tout à fait habiles pour s'habiller et se déshabiller seuls, donc il faudra l'accompagner, l'aider… il y aura des habits mouillés parfois.
Je n'arrête pas de me demander pourquoi est-ce qu'il y a cette paranoïa de la part des parents qui se disent que s'ils ne font rien, si ils n’encouragent pas, alors l’enfant va rester avec sa couche jusqu'à 6, 7, voire 8 ans et qu'il n'aura jamais envie de grandir, qu’il n'aura jamais envie de faire comme les autres, enfin, qu’il n'aura jamais envie d'être « propre ». Franchement, je ne comprends pas d'où vient cette idée, pourquoi est-ce que les parents ont envie que leur enfant aille plus vite que ce qu’il irait naturellement. Quand je vois des enfants qui ont des problèmes de blocages avec les toilettes, la plupart du temps ce que je découvre c'est qu'en amont, il y a eu des parents qui ont voulu trop presser l'enfant à force de lui proposer d'aller aux toilettes toutes les 30 minutes. J'ai même vu certains mettre des alarmes sur leur smartphone pour ne pas oublier de l'envoyer.
Les dangers:
Cette pratique engendre plusieurs problèmes, notamment :
Ces enfants avaient de la peine à savoir quand la vessie était pleine, ce qui retardait le processus naturel d’acquisition de la continence.
Certains enfants tombent dans le refus et l'opposition, à force de se faire harceler pour aller aux WC tout le temps. De cette façon, le processus devient quelque chose au niveau relationnel. Le pire c’est que, finalement, quand la nature fait son travail malgré l’intervention maladroite des adultes, ils croient que c’est à cause d’eux que ça a fini par marcher. Mais c'est faux, ce n'est pas parce qu’ils ont fait quelque chose que ça a fini par fonctionner, ça allait fonctionner de toute façon et malgré toutes les erreurs qu'ils ont commises et tous les problèmes qu'ils ont créé avec leur attitude, la nature fait son job.
Je trouve cela vraiment étonnant parce que j'ai l'impression qu'en tant que parent, on passe la plupart de notre temps à essayer de freiner les enfants qui ont envie de faire ci et ça, mais ils ne sont pas encore prêts, c'est encore trop dangereux… on passe notre temps à dire « non ce n’est pas encore pour toi… non quand tu seras plus grand… non tu ne peux pas faire ci, tu ne peux pas faire ça… » parce que l’enfant a envie de grandir, a envie de devenir autonome, a envie d'avoir de la liberté.
Alors pourquoi est-ce que les gens se disent que si on ne stimule pas les enfants, ils ne vont jamais aller aux toilettes par eux-mêmes ?
Je ne comprends pas d'où vient cette idée reçue, pourquoi est-ce qu'elle est si répandue et pourquoi est-ce que les gens commencent à se faire un paranoïa lorsqu’un enfant arrive vers ses deux ans, comme quoi il faut absolument qu'il aille aux toilettes. Pour certains, c'est beaucoup trop tôt.
Les principes de base:
Pour enlever la couche d’un enfant, il faut 3 conditions: - la première, c'est qu'il puisse ressentir le besoin d'aller aux toilettes. Pour cela, il faut éviter de l’envoyer systématiquement. - la deuxième, il faut qu’il puisse se retenir, c'est-à-dire qu'il contrôle un minimum ses sphincters. - la troisième, c'est qu'il puisse être autonome pour s'habiller et se déshabiller seul. Si un de ces critères n'est pas rempli, on ne peut pas dire que l'enfant est « propre ». Il s'agit simplement d'un enfant qui n'a pas de couches. Pour tout ce qui est physiologique, la sensation de la vessie pleine ou le besoin d’aller à la selle, la capacité de pouvoir se retenir et contrôler ses sphincters, les parents ne peuvent rien faire à part attendre. Je pense que c'est là où c'est un peu compliqué : d'avoir de la patience et d’attendre.
Selon Françoise Dolto : "Tous les mammifères sont continents une fois que leur terminaison nerveuse est complète. Chez les animaux, cela prend à peine quelques jours, mais chez les humains, c'est beaucoup plus long, parce que cette terminaison nerveuse met plus de temps à se faire. Bien plus, avant de renoncer au plaisir de l'anus, l'enfant doit développer le plaisir des mains qui ont appris à manipuler des objets, comme la pâte à modeler, le sable, la boue, etc. " (Lorsque l'enfant paraît)
Les actions concrètes:
Jamais:
Proposer des récompenses à l'enfant lorsqu'il va sur le pot ou WC. De cette façon vous enlevez sa motivation intrinsèque et vous remplacez par une motivation extrinsèque. Pas de gommettes, pas de cadeau et pas de "bravo". On ne félicite pas un enfant parce qu'il respire, marche, mange ou dort, alors pour la continence c'est pareil.
Souvent:
L'enfant apprends par l'observation. I doit donc voir comment font les adultes et les enfants plus grands. Cela va éveiller sa curiosité et lui montrer des modèles. Oui, je sais que parfois on n'as pas envie de publique lorsqu'on est sur le trône, mais qui a dit que la vie de parent était simple?
Toujours:
La meilleure chose que les adultes peuvent faire pour aider l'enfant c'est de l’aider et l’accompagner pour lui apprendre à s'habiller et se déshabiller seul.
Ceci est vraiment, à mon avis, de la responsabilité des adultes pour que l’enfant puisse être autonome : qu'il puisse enlever et mettre ses habits, voire apprendre à s’essuyer seul.
Pour cela, il faut faire des choix judicieux: pas de body, pas de boutons, pas de jupe encombrante, pas de ceinture. Un enfant qui est en phase d'acquisition peut paniquer s'il n'arrive pas à enlever ses habits rapidement et être en situation d'échec.
Pour le reste, il faut s'armer de patience, respecter les enfants, les laisser tranquille et laisser la nature faire.
Détendez-vous, ça va venir.
Faites confiance à la nature.
Conseil de lecture
Pour accompagner l'enfant, je vous propose ce livre que j'ai écrit inspirée de mon expérience.
Sensible, véridique et déculpabilisant, il peut être un outil important.
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