Lorsque je suis devenue maman ma vie a changé complètement. C’est normal, je m’y attendais et je m’étais préparée préparer pendant 9 mois.
Je savais bien que rien ne serait pareil.
Je savais que j’allais avoir mal, que j’allais souvent pleurer et que j’allais moins dormir.
Mais je ne m’attendais pas à recevoir en pleine figure le poids écrasant de la responsabilité.
Et pourtant la responsabilité je connais… après 14 ans dans l’éducation j’ai l’habitude d’être responsable d’un groupe d’enfants.
Mais rien ne peut se comparer à la responsabilité intégrale d’un nouveau-né.
Mon nouveau-né.
C’est tellement petit, et tout inconnu. Pourquoi il pleure ? Qu’est-ce qu’il veut ? Est-ce que je fais juste ?
Les questions se bousculent non-stop et je n’ai pas de réponse.
L’entourage dit tout et son contraire et au bout de quelques semaines j’avais l’impression que quoi que je fasse, ce serait faux.
Lorsque j’essaie de m’accrocher à mon expérience et mes théories, je me retrouve confrontée aux particularités il y a la personnalité de mon bébé.
J’avais rêvé d’être une maman maternante à fond.
Je voulais allaiter, je me suis renseignée, je fais des cours…Ça été mon premier échec ! à cause de mon diabète gestationnel, ma fille a été complétée au lait en poudre dès la naissance. Elle n’a jamais su bien téter. J’ai demandé de l’aide : conseillère en lactation, ostéopathe et cetera… Je passais mes jours à la mettre au sein, à tirer mon lait et à prendre tout ce qu’on me conseillait pour booster la lactation. Résultat : dix kilos en trop et une plus grosse déprime. Dès le 4ème mois et elle a refusé catégoriquement le sein.
Je voulais la porter en écharpe : je fais des cours, j’ai acheté du bon matos… mais elle n’aime pas ça.
Pour chaque échec, il y avait toujours quelqu’un pour me dire que j’avais dû faire ci au ça autrement.
Faut pas oublier que c’est un nouveau monde, où il faut prendre constamment des décisions et faire des choix, pas toujours faciles.
Et une fois ces choix faits, il faut composer avec : l’enfant — pour qui nos choix ne conviennent pas toujours ; l’entourage — à qu’il faut parfois tenir tête et parfois ignorer avec un sourire ; le quotidien ; la fatigue ; le travail…
En plus, j’ai fait des choses qui sortent de l’ordinaire : lit au sol plutôt qu’à barreaux, DME plutôt que purées, couche lavable plutôt que jetable… on a vite été étiquetés comme étant des parents hippie écolo-bobo.
Je le prends avec le sourire parce que je suis sûre de mes choix, mais il n’empêche que certains commentaires peuvent quand même planter le doute.
Le poids de la responsabilité est terrifiant parfois. Surtout lorsque l’enfant est malade et qu’il a un petit problème.
Je suis tellement à fleur de peau que n’importe quel baiser à la télé me fait pleurer.
Tout peut me faire culpabiliser : j’ai trop attendu pour la changer et sa couche a débordé : mauvaise mère.
Je lui ai donné quelque chose à manger et elle a vomi : mauvaise mère.
Elle s’est faite mal : mauvaise mère.
Je parle bien sûr du ressenti et des émotions. Je sais bien que ce n’est pas vrai.
À part ça, il faut également faire le deuil de sa vie d’avant. La vie où j’étais insouciante, où il n’y avait pas quelqu’un qui dépendait de moi pour tout, constamment. De qui il faut prendre soin, de qui j’ai de la peine à être séparée.
On attend des femmes qu’elles travaillent comme si elles n’avaient pas d’enfant et qu’elles s’occupent de ses enfants comme si elles n’avaient pas un travail à côté.
Je ne m’attendais pas…
Je ne m’attendais pas non plus à être si accro à mon bébé, à passer mon temps à la regarder, à la renifler…
Je ne m’attendais pas à retrouver du sens dans tout ce que disait ma mère. À être aussi attachée à ma mère, à vouloir tout savoir sur mon enfance, à penser sans cesse à elle : comment elle avait fait, à tout ce qu’elle avait subi.
Je ne m’attendais pas à qui soit aussi intense, que ça déchire le cœur… que je passe mon temps à pleurer et à rire.
Je ne m’attendais pas à changer autant.
Je ne m’attendais pas d’avoir peur tout le temps. Peur de quoi ? Peur de tout (et au même temps, peur de rien).
J’ai trouvé une force à laquelle je ne m’attendais pas (et que mon corps résiste à autant de nuits blanches).
Je ne m’attendais pas à avoir au même temps autant d’énergie et être tout le temps fatiguée. Un bébé est un ouragan qui met toutes nos priorités sans dessus-dessous et qui balaie tout sur son passage et pourtant c’est tout petit.
Un tout petit bébé qui n’a rien demandé, qui est si innocent, qui ne fait que de rigoler, qui se contente d’un rien. Il est le seul qui ne me juge pas, pour qui je suis la meilleure et la plus belle, quoi qu’il arrive. Elle prend ton mon amour et me le rends en double. Pour moi, elle est devenue la personne la plus importante du monde et moi, je suis tout son monde.
Je ne m’attendais pas à pleurer juste parce que je l’aime tellement et personne ne peut le comprendre, à part une autre maman.
C’est effrayant, c’est merveilleux, c’est un truc de ouf qui nous tombe dessus comme un tsunami.
Même si on fait ce qu’on peut pour se préparer au mieux, c’est une aventure incroyable qu’on ne réalise que lorsqu’on est dedans. Et je ne suis qu’au début …
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