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Les éducatrices qui font ce qu’elles disent

Dernière mise à jour : 5 nov. 2020

Dans un monde idéal, on devrait pouvoir obtenir la collaboration de l’enfant par notre autorité naturelle dans la joie et la bonne humeur, très facilement.

Dans la vraie vie, nous sommes confrontés à des enfants qui refusent d’accéder à nos demandes ou qui ont un comportement inacceptable et nous devons trouver des moyens de les gérer.

Pas une mince affaire, surtout si ont veut avoir une attitude bienveillante.

Les bonnes conditions

L’enfant peut choisir de collaborer avec l’adulte ou de se mettre en opposition. Cette opposition peut être passive (il ne répond pas, il ignore, il dit « oui » mais ne fait rien) ou frontale (dit « non ! », pleure, crie…).

Un enfant aura plus de facilité à collaborer si l’éducatrice lui donne des bonnes conditions. Pour moi, la première et la plus importante c’est l’attachement et une relation de confiance.

Je dis souvent au stagiaires, apprentis et remplaçantes qui commencent que, avant d’intervenir auprès d’un enfant pour lui rappeler les consignes ou stopper un comportement, il faut d’abord prendre du temps pour construire une relation, connaître l’enfant et se faire connaître.

Le deuxième facteur pour obtenir la collaboration des enfants c’est la cohérence. Les enfants font ce que les adultes font, pas ce qu’ils disent. Par exemple, ont dit aux enfants de s’asseoir sur les chaises et les adultes ne se gênent pas de s’asseoir sur les tables.

L’éducatrice doit veiller à ce que ses dires soient égaux à ses “faires”. Aussi au sein de l’équipe, les actions doivent être cohérentes d’une éducatrice à une autre.

Le troisième facteur c’est ce que j’appelle la « Posture de l’adulte » : cela consiste à un savoir-être, à une attitude où l’éducatrice est pleinement convaincue intérieurement que ce qu’elle dit/demande à l’enfant est juste, mieux pour lui et adéquat, et, par cette conviction, elle transmet à l’enfant une assurance qui ne laisse pas des places à l’argumentation.

Une fois, il maman m’a parlé des difficultés qu’elle avait avec son enfant pour qu’il reste à table pendant le repas. Je lui ai demandé s’il faisait la même chose dans la voiture à quoi elle a répondu : « bien sûr que non, il reste attaché à son siège » je lui ai demandé pourquoi. « Il sait qu’il n’a pas le droit ». Je lui ai donc invité à réfléchir pourquoi la consigne de la voiture était claire et indiscutable et à contrario, celle de la table était floue.

C’est la même chose au travail avec les enfants. Ils comprennent vite où sont les vraies limites. Si la limite devient floue, l’enfant va surement la tester et il peut arriver un effet de surenchère, où il pourra tout remettre en cause.

Cadre sécurisant

Le déroulement de journée est un outil majeur pour apporter de la sécurité aux enfants. Il est autant plus efficace si l’équipe le met en place de façon visuelle et que l’enfant peut le regarder souvent.

Offrir une routine, des rituels et des repères vont diminuer l’opposition de l’enfant, qui prendra les demander de l’adulte (“c’est l’heure de se laver les mains”, “maintenant il faut s’habiller”, etc) comme des suites logiques et sera moins tenté de les remettre en question.

On peut faire souvent l’erreur de penser qu’être une éducatrice « cool » c’est assouplir le cadre, donner plus de liberté, donner plus de choix ou faire des exceptions.

Je suis moi-même souvent tentée à sortir de l’ordinaire, genre, « aujourd’hui on a le droit de manger avec les doigts » ou « aujourd’hui on est pieds nus » et je dois souvent me surveiller pour ne pas en faire trop.

J’ai pu observer que sur le moment une exception peut faire plaisir à certains enfants mais ça peut aussi les déstabiliser et chambouler la dynamique du groupe, surtout lorsqu’on travaille à plusieurs.

C’est aussi déstabilisant pour moi lorsque c’est la collègue qui assouplit les règles sans que je sois au courant et que ce soit l’enfant qui me dise « avec une telle, j’ai droit de faire ça… »

Au fil des années je me suis rendu compte que les exceptions et changements sont plutôt un besoin des adultes. Les enfants sont bien plus sécures et détendus dans un cadre qui change le moins possible, surtout en collectivité. Cela leur donne des repaires clairs, une stabilité et leur permet de se détendre et faire confiance à l’adulte.

Lorsque j’ai envie de changement, d’innover ou de faire différemment, je me demande si j’ai envie de le faire pour moi ou pour les enfants et souvent c’est mon besoin et pas les leurs.

Parfois il nous arrive d’être poussé à bout et de dire des choses qu’on regrette.

Comme par exemple avoir recours à la menace : « si tu fais ça, il n’y aura pas… ».

Ça peut arriver à tous, un moment d’égarement.

Le problème est quand on fait des menaces qu’on ne peut pas tenir, par exemple : « si tu ne goute pas les légumes, c’est tu n’auras pas de dessert… » ou « si tu ne t’habilles pas, tu vas rester seul dedans… ».

Dans le métier d’éducatrice il est important d’être tout le temps cohérent, d’avoir une seule parole pour donner des repères à l’enfant.

Des menaces en l’air ne font que de nuire la crédibilité de l’adulte et déstabiliser l’enfant, qui ne saura pas en quoi croire et à quoi s’en tenir.

Dans l’idéal, il faudrait toujours réussir à obtenir la coopération des enfants sans les menacer. Cela demande une grande vigilance de son langage et l’utilisation des quelques outils, mais c’est possible.

En revanche, si on dit que tel comportement entraînera une telle conséquence, il faut absolument tenir jusqu’au bout. Les menaces en l’air nuisent les relations adulte/enfants.

Ce n’est pas facile d’interdire et stopper un comportement mais avec l’observation et la connaissance de l’enfant et un langage adéquat c’est possible de le faire sans avoir recours à la menace et, en conséquence, à la punition.

Cependant, si menace il y a eu, la conséquence doit arriver.



La collaboration

Il y a des milliers de textes qui parlent de comment résoudre les problèmes de l’opposition des enfants. Cela donne des pistes très utiles, néanmoins, je reste convaincue qu’agir en amont, en cherchant la collaboration des enfants c’est plus simple pour tous.

Un déroulement de journée claire et stable, des consignes appliquées des façons identique par toute l’équipe, une relation de confiance avec les adultes et une posture cohérente sont des outils qui peuvent donner des bons résultats.

Il n’y a pas de miracle, mais on fait au mieux…

Conseils de lecture:

La collection "Vie d'enfant" se passe une grande partie en crèche/garderie et met en valeur la collaboration entre l'éducatrice et la famille.

Des livres indispensables dans votre bibliothèque.




Pour aller plus loin:

Vous pouvez lire mon article sur la discipline et aussi écouter le podcast sur la surstimulation des enfants.

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